Auteur·e

De lexSIC
Liste des termes

E (Élicitation, Embargo...)

L (Ligne éditoriale, Like...)

P (Packaging, Page...)

R (Raccord, Résumé...)

S (Scénario, Scoop...)

T (Tabloïd, Trace...)

V (Veille, Voix off...)

. Angl. Author

. Cult. documentaire

N.B. : Ce texte, co-écrit avec Ivana Ballarini, avait été initialement publié dans le Dictionnaire des concepts info-documentaires sur le site de SavoirsCDI en 2006.


Définition

Au sens élargi, l’auteur·e est, selon le Littré (2004), la « cause première de toute chose ». Cette définition contient en germe les idées fécondes d’origine et d’authenticité - auteur et authenticité sont des mots de même origine -, d’invention et de production. De ce fait, dans une conception plus resserrée, on attribue généralement à l’auteur·e la « paternité » d’une œuvre de l’esprit, ce qui lui confère un certain nombre de droits autant moraux que patrimoniaux. L’auteur·e peut être singulier (une personne), pluriel (cas de plusieurs auteur·es), ou bien s’exprimer au nom d’une collectivité (institution, organisme privé, société savante, etc.). On parle alors de personne morale. Selon le Code de la propriété intellectuelle (Article L 113-1) : « La qualité d’auteur appartient, sauf preuve contraire, à celui ou à ceux sous le nom de qui l’œuvre est divulguée. »

Didactique

Le concept d’auteur·e est essentiel dans l’enseignement de l’Information-documentation, à condition qu’il soit distingué d’une approche littéraire, laquelle s’intéresse, pour sa part, à la création, à la biographie et aux influences.

Du point de vue de l’information donc, il convient de réfléchir d’une part sur le statut de l’auteur·e (ce qui fait que l’auteur est un auteur) et d’autre part sur ce qui fonde sa valeur (ce qui fait qu’un auteur est validé ou pas). Le concept d’auteur·e est ainsi pris en compte au regard de l’autorité qu’il ou elle exerce dans un domaine de connaissance, mais encore à celui de l’évaluation des contenus informationnels présents dans son œuvre.

L’autoritativité permet de s’autoproclamer auteur·e mais ne confère aucune valeur en soi à l’œuvre et à son auteur·e. Si la condition d’auteur·e est simplement établie par la création et la publication de l’œuvre, sa valorisation, en revanche, passe par la réception de celle-ci au sein d’un public averti, d’une part, et, par l’intégration de son auteur·e dans une sphère faisant autorité, d’autre part.

Ainsi, la publication d’une œuvre (texte, production plastique, musicale, etc.) témoigne d’un passage de la sphère privée à la sphère publique, passage qui assure à l’inconnu·e d’avant la publication l’obtention d’une reconnaissance et d’un nom. L’auteur·e se caractérise en effet par le fait d’être clairement identifié·e. Cette identification engage une double responsabilité, à la fois éditoriale et intellectuelle, dans la publication du document, c’est-à-dire qu’il ou elle doit être prêt·e à « en répondre » le cas échéant.

Concrètement, pour l’élève, cela se vérifie par la nécessité de ne considérer que les informations dont l’auteur·e est identifiable soit sur la page web contenant le texte, soit sur la page d’accueil, par exemple sous la forme d’un lien « Qui sommes-nous ? », soit encore à partir des métadonnées. De surcroît, la responsabilité auctoriale ou éditoriale du site doit pouvoir, quant à elle, être testée et se vérifier par la présence, généralement à partir de la page d’accueil, d’une adresse de courriel ou d’une fonction de type « Pour nous contacter ». L’appropriation du concept d’auteur·e peut ainsi s’amorcer par ce sentiment de pouvoir entrer en contact avec la personne ou l’entité du document, contact permettant, par le biais d’une demande de réponse, de vérifier une responsabilité.

La réception de l’œuvre par le public contribue également à la formation de la condition d’auteur·e. Elle se manifeste du point de vue quantitatif, sur Internet, par le nombre de liens pointant en retour vers la ressource (notion de popularité). Sur le plan qualitatif (notions de notoriété et d’autorité), il faut y aller voir… Néanmoins, l’accueil réservé à l’auteur·e est un premier pas vers la notoriété, concept constitutif de la validation de l’information qui lui est attribuée. Après l’accès au statut d’auteur·e, il lui faut encore recevoir la validation de son œuvre. Cette validation ne peut se faire que par l’admission, par ses pairs, au sein d’une communauté de référence, i.e. partageant les mêmes objets d’étude et les mêmes visées générales. Cette notoriété acquise par expertise est distincte de celle gagnée par l’intérêt manifestée par un public, en ce sens qu’il s’agit ici d’une inclusion dans un cercle constitué d’autres auteur·es, le même produisant du même et ce, par la vertu d’une caution scientifique ou artistique. En d’autres termes, la condition d’auteur·e fait l’objet d’un transfert, par le biais de l’autorisation accordée par le système de caution, d’une autorité déjà établie à une autorité en voie de constitution. Un·e auteur·e validé·e « fait autorité » en quelque sorte parce qu’il ou elle a bénéficié d’une autorisation.

L’élève qui a le souci de vérifier la validité d’un document doit alors enquêter sur la notoriété de son auteur·e, et juger du crédit accordé par la sphère savante. Est-il·elle cité·e ? Est-il·elle considéré·e ? Son œuvre, ses idées font-elles référence ?

La maîtrise du concept d’auteur·e doit ainsi faire changer certaines représentations reçues, dont l’idée d’une naturalité de la condition d’auteur·e. Cette condition doit être appréhendée, non plus comme un inné, un donné, mais plutôt comme un construit. De plus, en intégrant cette communauté d’élection qui l’a reconnue « même », la personne ou l’entité contient symboliquement cette communauté, au motif qu’elle est faite d’elle, de la même manière que son œuvre est la conséquence d’innombrables interactions avec les œuvres de ses pairs, auprès desquelles elle s’est nourrie pour devenir ce qu’elle est. Cela fait de l’auteur·e une entité non seulement construite, mais encore communautaire, ou collective, au-delà de sa propre singularité.

De ceci, l’élève peut être amené·e à comprendre qu’interroger un·e auteur·e en particulier, dans le but de valider l’information dont il·elle est responsable, c’est également questionner tout un réseau de références constitué des œuvres et des auteur·es sans lesquels le discours tenu ne serait pas compréhensible.

Alexandre Serres (2004) consacre deux tableaux à l’identification et à l’évaluation de l’auteur·e dans sa « proposition de grilles d’identification et d’évaluation de sites web ». Utilisables en situation pédagogique, ces items peuvent apporter des compléments d’ordre pratique à la construction du concept d’auteur·e.

Liens

Concepts corrélés

Autoritativité ; Autorité ; Caution scientifique ; Droits d’auteur ; Notoriété ; Popularité ; Responsabilité éditoriale ; Validation des sources

Lien Wikinotions Infodoc

Auteur·e

Bibliographie

SERRES Alexandre. " Proposition de grilles d'identification et d'évaluation de sites web ". Stage " Évaluation de l'information sur Internet ". Site de l'URFIST de Rennes, 2004.