Archives
A (Algorithme, Auteur...)
B (Ballon d'essai, Benchmark...)
C (Cabochon, Codex...)
D (Dépêche, Dessin de presse...)
E (Élicitation, Embargo...)
I (Information, Image...)
L (Ligne éditoriale, Like...)
P (Packaging, Page...)
R (Raccord, Résumé...)
S (Scénario, Scoop...)
T (Tabloïd, Trace...)
V (Veille, Voix off...)
. n.f. pl.
. Angl. 1) Archives, records ; 2) Archives, archive service, record office ; 3) Archives, archival building, repository, record office
. Cult. documentaire
. Domaine : archivistique
Définition
Le terme Archives est employé dans les trois acceptions suivantes :
1) Un ensemble de documents
Les archives sont une collection de documents produits par l'activité humaine et qualifiés par l'usage spécifique qui en est fait (utilité pratique, preuve, attestation, trace mémorielle). On leur attribue une valeur justifiant leur conservation sur le long terme.
Selon le Code du patrimoine (2016), "les archives sont l'ensemble des documents, y compris les données, quels que soient leur date, leur lieu de conservation, leur forme et leur support, produits ou reçus par toute personne physique ou morale et par tout service ou organisme public ou privé dans l'exercice de leur activité" [Code du patrimoine, Art. L211-1].
Et, par métonymie :
2) Une organisation
Au sein d'une institution, les archives sont un service chargé du contrôle, de la collecte, du classement, de la conservation et de la communication des archives.
3) Un lieu
Le bâtiment ou le local où sont conservées des archives.
Compléments
Le statut d'archives
Commentaire de la loi
Contrairement au sens commun qui veut que les archives désignent des documents anciens, l'article 211-1 du code du patrimoine confère le statut d'archives a tout document dès l'instant de sa production, quelle que soit sa date de création. En effet, ce statut n'est pas modifié dès lors qu'il ne sert plus là où il a été créé et intégrerait un service. C'est l' utilisation qui en est faite qui, elle, peut changer. Ainsi la qualité d'archives ne s'acquiert-elle pas avec le temps et tout document contemporain naît avec le statut d'archives.
De même, ni la forme (écrite, orale, visuelle) ni le support (papier, numérique, microfilm, bois, tissu, etc.) ni le lieu de conservation (bureau d'une entreprise, d'une association, service d'archives, etc.) ne peuvent influencer la qualité d'archives. Tous les documents sont considérés comme étant des archives, et donc potentiellement classés et conservés.
Les archives sont produites (ou reçues) au fur et à mesure des besoins liés à l'activité, qu'elle soit administrative, commerciale, culturelle, industrielle, immobilière, d'une personne physique ou morale ou à celle de tout service ou organisme public ou privé.
Si cette définition a le mérite de distinguer nettement la dimension formelle des documents de l'usage qui peut en être fait, elle confond toutefois les archives actives, celles qui sont utiles pour les organisations avec les archives mémorielles, qui ne le sont plus. La langue anglaise dispose quant à elle de deux termes distincts, records pour les premières et archives pour les secondes.
Cette définition on ne peut plus large des archives, qui la lie étroitement à celle de document, présente en outre à celles et ceux qui sont chargé.es de les conserver de sérieux problèmes de gestion. Comment faire face à cette masse toujours croissante de documents et en assurer correctement le tri, le classement, la conservation et la mise à disposition ? L'arrivée des données numériques, mentionnées dans le texte par la loi du 7 juillet 2016, ajoute à cette impossibilité matérielle. Une solution proposée consisterait à considérer que tous les documents n'ont pas la même "valeur archivistique" et à procéder à leur hiérarchisation [Guyon, 2016].
Le complexe de la carotte
Les archives étant par essence des documents, la question des limites avec les objets naturels se pose en termes semblables. Ainsi peut-on se demander si, par exemple, les carottes de glaces prélevées par les glaciologues à des fins scientifiques sont à considérer comme des archives ou non. A la suite de Suzanne Briet et de l'exemple de l'antilope [Briet, 1951], on peut considérer que les carottes glaciaires sont bien des archives dans la mesure où elles prennent une forme qui a été déterminée par les ingénieurs, où elle possèdent un numéro d'identification, sont attachées à une fiche descriptive, sont classées, entreposées et conservées, mais aussi parce qu'elles répondent, de par l'information qu'elles contiennent, aux questions posées par les scientifiques [Chabin, 1999]. Ces documents ne le sont pas par intention, comme le seraient un livre, une lettre ou un film, mais par attribution. C'est a posteriori qu'une signification leur est attribuée [Meyriat, 1978].
La valeur des archives
Les archives se présentent comme des documents bénéficiant d'une valorisation relatives à leur utilité. On distingue alors deux niveaux de valeur aux archives.
- La valeur primaire à trait à leur utilité première, directe, ce pour quoi elles ont été précisément produites ou reçues au cours de l'activité. Cet intérêt est de nature essentiellement informative. Identifiables comme telles dès leur création ou leur réception, elles sont archives par nature, par "naissance" [Chabin, 1999].
- La valeur secondaire se rapporte à une utilisation autre que celle pour laquelle elles ont été initialement produites. En effet, il arrive qu'au bout d'un certain temps, les archives par nature perdent de leur utilité pour l'activité et soient ou bien éliminées ou bien dirigées vers un service d'archives. Là, une nouvelle signification peut leur être attribuée parce qu'elles sont supposées renfermer des indications précieuses dans le registre de leur énonciation, par exemple sur l'auteur et son environnement, sur la société et son époque. Elles deviennent intéressantes et précieuses pour le chercheur et l'historien, ce qui va justifier les efforts consentis par la communauté pour leur conservation et leur communication. D'informatif à l'origine, leur intérêt devient essentiellement mémoriel. Les archives constituées par attribution, comme les carottes glaciaires, se rangent dans cette catégorie.
Cette qualification en terme de valeur pour l'usager permet de distinguer nettement les archives du document. En effet, les archives sont des documents auxquels est attachée une valeur qui leur octroie ce statut et, ce faisant, justifie leur conservation.
La valeur des archives le doit à l'intérêt que celles-ci représentent pour la société. Cette valeur est estimée au regard de critères tels que l'authenticité, la fiabilité, l'intégrité et l'accessibilité.
Bien que, comme il a été souligné, les archives le deviennent dès leur création, il est intéressant de constater que le statut d'archives, au sens usuel, n'est généralement attribué que lorsque l'ensemble des documents intègre officiellement un service d'archives. Comme si c'était le service, en tant qu'institution, qui instituait l'archive, un peu comme le musée institue l’œuvre d'art en la faisant advenir. C'est à ce moment que le statut d'archives apparaît aux yeux de tous. Le sens commun ne perçoit ainsi dans les archives que leur valeur secondaire.
Le cycle de vie des archives
Pour rendre compte du cycle de vie des archives, l'archivistique évoque la "théorie des trois âges", distinguant les archives courantes, les archives intermédiaires et les archives définitives.
- Les archives courantes (angl. records) désignent les documents et les dossiers qui sont utilisés au quotidien dans le cadre des activités contemporaines, qu'elles y aient été produites ou reçues. Leur valeur pratique tend à décroître au fil du temps, étant généralement de moins en moins mobilisés. Pour des raisons d'accessibilité, ces archives sont stockées au plus près de l'activité, notamment dans les bureaux. Elles sont encore appelées archives vivantes ou archives actives.
- Les archives intermédiaires sont ces documents et dossiers qui, n'étant plus d'usage courant mais pouvant être sporadiquement réactivés pour les besoins de l'activité, doivent être conservés temporairement, pour des nécessités administratives ou juridiques. Elles sont couvertes par une durée d'utilité administrative, qu'elle soit pratique ou légale, pendant lesquelles elles ne peuvent être détruites. A terme, l’opportunité de leur présence se pose et est alors évaluée, conduisant à un tri ou à une élimination. Ces archives sont conservées à proximité du lieu névralgique de l'activité, dans un local de pré-archivage. Elles sont encore appelées archives semi-actives.
- Les archives définitives (angl. archives) sont ces documents qui, ayant subi des tris sélectifs, ne seront plus éliminés mais conservés sans limitation de durée pour leur intérêt historique ou patrimonial. Elles peuvent être conservées en tant que trace mémorielle dans le service d'archives de l'organisation ou dans un service d'archives public. De ce point de vue, l'archive définitive est considérée comme une sorte de rebut au regard de l'activité qui l'a vu naître, à moins qu'elle ne contribue encore à l'identité ou à l'image de marque de l'organisation comme c'est le cas pour certaines grandes entreprises qui valorisent leurs propres archives via des musées. Elles sont encore appelées archives mortes ou, dans un sens restreint archives historiques.
Le pluriel
Archives est rarement employé au singulier. Dans le cas d'un document seul, l'archivistique préfère utiliser les termes de pièce, d'article ou de document d'archives. Cet usage éclaire donc un autre aspect de ce qui différencie le document des archives. Ainsi que l'indique le code du patrimoine, le terme archives désigne un ensemble de documents, une collection au sein de laquelle toute pièce entretient des relations signifiantes avec les autres. Isolée, privée de la collection qui la contextualise, une pièce perd beaucoup de sa valeur. Elles font archives, au pluriel, parce qu'elle sont constitutives d'un ensemble cohérent, attaché à une activité donnée.
Fonctions et enjeux des archives
L'article L211-2 du code du patrimoine stipule que "la conservation des archives est organisée dans l'intérêt public tant pour les besoins de la gestion et de la justification des droits des personnes physiques ou morales, publiques ou privées, que pour la documentation historique de la recherche."
Pour autant, les fonctions attribuées aux archives ne sont pas exactement les mêmes selon qu'il s'agisse des archives courantes ou des archives définitives.
La fonction des archives courantes est avant tout l'utilité. Elles permettent le fonctionnement d'un service, administration ou entreprise, au quotidien en lui permettant de disposer en permanence des informations utiles à la gestion de son activité. L'enjeu est avant tout fonctionnel, mais il peut être également démocratique lorsqu'une administration est appelée à faire de ses données un usage responsable et transparent.
Les fonctions des archives définitives, comme le souligne l'article de loi, sont multiples. Elles sont juridiques lorsqu'elles permettent aux personnes physiques ou morales, publiques ou privées, de justifier de leurs droits et obligations, notamment en cas de litige. C'est le cas par exemple des archives notariales. Les archives ont une fonction testimoniale lorsqu'elles apportent la preuve de l'existence antérieure d'une activité et des actions qui y ont été conduites. Tout document authentifié, en ce sens, est le témoin d'un fait ou d'une idée.
Dans l'intérêt public, les archives définitives revêtent un enjeu scientifique en tant qu'elles peuvent se montrer essentielles à l'accroissement des connaissances et un enjeu mémoriel notamment pour les recherches historiques dont elles constituent la source principale. Les archives sont autant de traces et de témoignages de l'histoire des individus, des groupes sociaux, des institutions et des nations qui constituent la mémoire et le patrimoine de l’humanité.
Les enjeux démocratiques apparaissent enfin dans le cas des transitions politiques et de pouvoirs, où l'on devra recourir aux archives si besoin est pour maintenir et légitimer la démocratie lorsque celle-ci est menacée.
Accès aux archives
L'article L211-2 du Code du patrimoine stipule que la conservation des archives est "organisée dans l'intérêt public". En conséquence, son accès au public est organisé et légiféré. Un régime de communication particulier est ainsi détaillé dans le chapitre 3 de cette loi, précisant que les archives publiques sont communicables de plein droit et que leur accès "s'exerce dans des conditions définies pour les documents administratifs à l'article L311-9 du code des relations entre le public et l'administration". Cet accès est soumis à des délais spécifiques à chaque catégorie d'archives (Art. L313-2).
Histoire des archives
La définition élargie donnée aux archives par le Code du patrimoine permet de considérer que les archives sont nées avec les premiers documents à l'origine de l'écrit, dans la civilisation mésopotamienne. Il est donc possible de dater les premières archives vers 3400 av. J.-C. pour le moins, date de l'invention de l'écriture cunéiforme ayant pour support des tablettes d'argile.
En tant qu'archives primaires, c'est-à-dire pour leur utilité première relative à une activité donnée, il est probable que la fonction de comptage ait conditionné leur production [Chabin, 1999]. Cela pouvait concerner l'administration des biens et des récoltes comme les attestations de transactions commerciales.
De telles pièces officielles ont progressivement contribué à fonder le droit des civilisations de l'Antiquité puis de l'Occident chrétien. Il est compréhensible que des documents d'une telle valeur, économique, juridique ou politique aient dû être regroupés et conservés dans des lieux où s'exerçait le pouvoir dans le but de maintenir celui-ci. C'est d'ailleurs de cette proximité fonctionnelle que le terme archives tire son étymologie. Ces documents vitaux ont été, par exemple, des actes de donation, des chartes royales, des lettres de cachet ou d'anoblissement, des actes notariés, des décisions de justice, des statuts d'association, des lois et des règlements. A ces archives juridiques s'ajoutent les archives comptables et fiscales (factures, censiers, cadastres, procès-verbaux) et civils (registres de baptême, de mariage et de sépultures).
Lois archivistiques
L'étude des archives dans leur évolution historique fait discerner à Marie-Anne Chabin, archiviste et professeurs en SIC, cinq "lois archivistiques" ou constantes.
- La production d'archives dans les sociétés est dépendante de trois facteurs qui sont la place de l'écrit, le niveau de développement technique et économique et l'existence d'une bureaucratie organisée.
- Il s'établit un processus dialectique entre l'outil d'écriture et d'enregistrement et l'auteur qui fait dépendre l'évolution des archives de celles de l’environnent technologique.
- Le volume et le temps exercent une sélection naturelle sur la conservation des archives. Plus le temps qui les sépare de leur production est long et plus elles risquent de disparaître. Mais inversement, ce risque diminue lorsque leur volume est important.
- Le temps joue un rôle de révélateur de la valeur des archives. Par contre, il est impossible d'anticiper complètement celle-ci. Cette valeur est relative aux besoins qui peuvent apparaître, ou pas, dans le temps.
- Les archives sont objectives, mais leur utilisation est subjective.
Typologie
Le terme générique Archives renvoyant à une grande pluralité de situations et de contextes, il est souvent nécessaire de l'accompagner d'un complément de nom ou d'un adjectif afin de le préciser. Ces qualifications permettent de dresser une typologie, outre leur état qui est lié au cycle de vie (courantes, intermédiaires, définitives), selon le statut, la forme, le territoire, l'activité ou encore la période historique qu'elles recouvrent.
Le statut des archives
- Archives publiques
L'article 211-4 du Code du patrimoine définit les archives publiques comme les "documents qui procèdent de l'activité de l’État, des collectivités territoriales, des établissements publics et des autres personnes morales de droit public." Elles concernent également les organismes privés chargés d'un service public ou de missions de service public ainsi que les minutes et les répertoires des notaires. Les fonds ecclésiastiques saisis au moment de la Révolution le sont également.
Elles ont pour objet la preuve et le droit des activités de ces organismes. Elles sont propriété publiques et par conséquent communicables, mais également et inaliénables (Art. L212-1) et imprescriptibles dans le temps pour ce qui est des archives historiques ((Art. L212-20). Les archives territoriales (internationales, nationales, régionales, départementales, communales, paroissiales, etc.) comme les archives des ministères sont des archives publiques.
- Archives privées
L'article 211-5 du Code du patrimoine définit les archives privées par la négative en indiquant que ce sont toutes les archives qui ne sont pas publiques. Elles procèdent dès lors de l'activité de personnes physiques ou morales de statut de droit privé, telles des individus, des familles, des associations, des syndicats, des partis politiques, des entreprises, des laboratoires privés ou des sociétés.
Certaines de ces archives qui présentent pour des raisons historiques un intérêt public peuvent être classées comme archives historiques par décision de l'autorité administrative, ce qui peut occasionner des contraintes pour leur propriétaire (Art. 212.5 du Code du patrimoine). Elles peuvent faire l'objet d'un don, d'un dépôt ou être acquises par un service d'archives public lorsqu'elles sont mises en vente.
Le support
- Archives audiovisuelles
Les archives audiovisuelles sont constituées des productions télévisuelles, radiophoniques et cinématographiques ou de tout organisme dans l'exercice de ses activités. Elles sont en partie alimentées par le dépôt légal.
- Archives électroniques
Les archives électroniques concernent tout document créé ou conservé sous format numérique, magnétique ou optique et qui ne peut par conséquent être lu que par l'intermédiaire d'un dispositif technique.
- Archives imprimées
Ces archives concernent tout document créé ou conservé par un organisme dans le cadre de ses activités sous forme imprimée.
- Archives orales
Les archives orales sont constituées d'enregistrements sonores de paroles réalisés ou conservés par un organisme dans le cadre de ses activités. Elles désignent généralement des témoignages oraux, transcris ou sonores, à des fins de documentation scientifique et dans un souci patrimonial.
- Archives photographiques
Les archives photographiques sont composées de documents sur support photographique, incluant les diapositives, les négatifs et les épreuves.
- Archives sonores
Les archives sonores sont constituées d'enregistrements sonores produits ou conservés par un organisme dans le cadre de ses activités. Elles englobent les archives orales, les enregistrements musicaux (chants et/ou instruments) et les enregistrements d'ambiance dans la mesure où elles rendent compte d'un patrimoine sonore.
Le territoire
Traces mémorielles d'une entité territoriale (nation, région, département commune), ces archives sont publiques.
- Archives nationales
Les archives nationales, créées à la Révolution, regroupent les archives au niveau central de l’État, c'est-à-dire du président de la République, du gouvernement, des ministères, des grades institutions nationales et des établissements publics nationaux. Elles comprennent également, outre les fonds privés qui lui sont confiés, les archives historiques de l'Ancien régime.
- Archives territoriales
Les archives territoriales sont constituées des archives produites et conservées à un échelon local. Elles recouvrent les archives régionales, départementales et communales. Les archives anciennes des communes de moins de 2000 habitants doivent être déposées au service des archives départementales, sauf dérogation préfectorale. Les services territoriaux sont propriétaires de leurs archives et sont donc tenus d'assurés eux-mêmes la conservation et la communication conformément au Code du patrimoine (Art. L212-6).
L'activité
L'appellation récente d'archives du monde du travail (c. 1986) regroupe des archives issues de l'activité économique et socio-professionnelle. Il s'agit principalement des archives des entreprises, des organismes professionnels, des syndicats, des comités d'entreprise et des associations œuvrant dans le monde du travail. Elles proviennent en grande partie du secteur privé.
De grandes entreprises, notamment industrielles, gardent la maîtrise de leurs archives tandis que d'autres les confient aux Archives nationales du monde du travail, service public créé en 1993 à Roubaix.
La période historique
- Archives historiques
Les archives historiques sont conservées pour des raisons historiques ou patrimoniales sans limitation de temps. Elles constituent les sources originales de la connaissance du passé d’une institution, d’une entreprise, d'un territoire, d’une famille ou d’une personne. Archives publiques, elles comprennent également les archives privées ayant fait l'objet d'une mesure de classement par les autorités administratives. Ce sont essentiellement des archives dites définitives, c'est-à-dire sélectionnées pour leur valeur secondaire, déliée de leur intérêt pratique immédiat, et parce qu'elles réunissent les conditions d'authenticité, de fiabilité, d'intégrité et d'accessibilité.
Les archives historiques, également appelées "séries", peuvent être déclinées selon les périodes historiques qu'elles recouvrent :
- Archives anciennes : elles concernent la période antérieure à la Révolution ;
- Archives modernes ; elles concernent la période comprise entre la Révolution et la seconde guerre mondiale ;
- Archives contemporaines : elles concernent la période postérieure à la seconde guerre mondiale.
- Archives historiques classées
Certaines archives privées présentant un intérêt public peuvent être classées comme archives historiques par un décret ou un arrêté de classement (Art. 212.5 du Code du patrimoine). Leur propriétaire est alors tenu de respecter certaines contraintes relatives à leur conservation telles que précisées dans le Code du patrimoine. Elles sont imprescriptibles.
Étymologie
Archives est un terme médiéval (1282) emprunté au bas latin archivum, lui-même issu du grec arkheia [Rey, 1995]. L'arkheion, construit sur arkhê "autorité" et arkhein "commander, commencer", désignait "la résidence des hauts magistrats de la cité, la magistrature". Contrairement à l'idée reçue, archives n'est donc pas directement apparenté à archéo- "ancien, antique", mais dérive plutôt de arkhein "commander, prendre l'initiative", se focalisant sur le lieu où s'exerce l'autorité.
Il désigne les "documents d'usage historique" mais également le "lieu où on les conserve" (1416), et est pour cela confondu avec bibliothèque (XIVes). C'est au figuré seulement que l'acception "souvenirs du passé" est apparue.
Le singulier archive, au sens de "document d'archives", est récent (1913). Par ailleurs, les dérivés contemporains (archiver, archivage, archivistique, etc.) renforcent l'idée de constitution et de gestion d'une mémoire historique. Archiver se fixe en français moderne (1898), donnant archivage (1955). Archiviste (1701), avec son suffixe de nature scientifique, a remplacé archivaire (1486). Archivistique (1934-1935), enfin, désigne une science liée à la paléographie et aux études médiévales et entre dans les disciplines annexes de l’histoire et de la philologie. Elle participe également au développement des sciences documentaires et bibliothécaires.
L'usage contemporain du terme archives renferme donc trois acceptions fortement liées : l'autorité, la conservation des actes qui fondent cette autorité et la gestion d'une mémoire historique.
Liens
Termes corrélés
Archivage ; Document.
Bibliographie
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Chabin Marie-Anne, 1999. Je pense, donc j’archive : L'archive dans la société de l'information. L’Hamattan.
Code du patrimoine. Livre II : Archives (articles L211-1 à L222-3). Légifrance.
Code des relations entre le public et l'administration. Livre III : L'accès aux documents administratifs et la réutilisation des informations publiques. Article L311-9. Modifié par la Loi n°2016-1321 du 7 octobre 2016. Légifrance.
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Université de Montréal. École de bibliothéconomie et des sciences de l’information, 2018. Terminologie de base en sciences de l'information. EBSI.