Architecture de l'information

. n.f.

. Angl. Information architecture

. Cult. numérique et documentaire

DÉFINITION

(SIC) Terme introduit par le designer graphiste Richard Saul Wurman en 1976 en réponse au problème de l’augmentation rapide du volume des informations et de l’explosion des données. Il présentait l’architecture de l’information (AI) comme la science de l’organisation de l’information visant à rendre l’information plus compréhensible. Le concept rebondit en 1996 pour s’appliquer au web et, plus récemment, pour répondre à la problématique des réseaux. Aujourd’hui, l’évolution rapide vers un monde connecté, ubiquitaire et intégré fait naître de nouveaux défis pour les entreprises et les utilisateurs et appellent à la création et au développement de nouvelles architectures de l’information adaptées.

Il s’agit alors de faciliter l’organisation de l’information dans ces nouveaux espaces numériques partagés (sites web, intranets, communautés virtuelles, applications logicielles) pour permettre aux utilisateurs de disposer facilement d’une information accessible, gérable, compréhensible et utile. Par analogie avec l’architecture physique des bâtiments, l’architecture de l’information se présente à la fois comme la structure organisatrice sous-jacente à un système de contenus (textes, images, vidéos…) ou de services et à leur représentation spatiale du point de vue de l’utilisateur.

COMPLÉMENTS

Compétences de l'AI

Les principales compétences à mettre en œuvre par l’architecte de l’information se situent à la croisée de trois domaines : la conception technique de systèmes d’informations, l’organisation des contenus et le web design orienté utilisateur.

La conception technique

La conception technique des systèmes d’information est fortement conditionnée par les impératifs des dispositifs informatiques qui permettent de structurer, d’afficher, de lire et d’interagir avec l’information numérique (compétences informatiques). Ajoutons à cela l’incessante métamorphose et la complexité grandissante des technologies, des standards et des accès. Toutefois, ce domaine cherche à privilégier la production de sens pour l’utilisateur, via le traitement intellectuel des informations et la qualité de la médiation. Ainsi, les systèmes socio-techniques que l’architecte de l’information conçoit doivent-ils être ajustés à la structuration fonctionnelle des utilisateurs. Par exemple, ceux-ci devront pouvoir accéder à l’information désirée par différents moyens, que ce soit par la recherche sur un moteur ou un catalogue, par la navigation dans un site, par simple butinage ou par sérendipité.

La structuration documentaire

La structuration documentaire des contenus emprunte aux savoirs des sciences de l’information et des métiers du document lorsqu’il s’agit de traiter des masses de données, de catégoriser, de classifier, d’indexer les informations, d’établir des relations utiles entre elles et de favoriser leur accès (compétences documentaires et éditoriales). La dimension spatiale de l’information est également intégrée notamment pour tenir compte du caractère distribué et mouvant des flux et des circulations des données, comme de l’instabilité du document dans l’espace numérique.

Le Web design orienté utilisateur

L’originalité de l’approche du Web design orienté utilisateur consiste à partir des usagers pour proposer une ergonomie et une structuration adaptées spécifiques à l’environnement numérique (navigation, repères spatiaux), de manière à donner aux utilisateurs les moyens de maîtriser leur parcours sur des interfaces graphiques interactives (compétences design). L’approche se fonde alors essentiellement sur l’expérience utilisateur, à savoir la qualité de l’expérience d’une personne lorsque celle-ci interagit avec un site web, un jeu, ou tout autre produit résultant d’un design. Elle s’appuie sur l’analyse des besoins et des pratiques informationnelles, la compréhension des mécanismes d’appropriation, de co-production de l’information et des interactions, mais également sur l’intégration de la dimension psychologique dans les rapports qu’entretiennent les individus avec les dispositifs techniques. Les contraintes à dépasser sont ainsi marquées par des attentes sociales fortes liées aux interactions homme-machine, lesquelles doivent être les plus fluides, les plus intuitives et les plus immédiates possibles. Concrètement, il s’agira de produire des interfaces utilisateurs qui permettent à quiconque d’atteindre facilement son objectif : s’informer, travailler, jouer, apprendre, se former, communiquer, collaborer, partager, produire, etc.

Convergence disciplinaire

Pour rendre compte de cette articulation entre les différents domaines de l’architecture de l’information (AI), il est proposé l’équation AI = IT + KM + UX (Information Technologie + Knowledge management + User eXperience), avec une prédominance de plus en plus marquée pour le troisième terme. Sans être perçue comme un concept proprement scientifique, l’architecture de l’information se fonde toutefois sur une approche multidisciplinaire et reste résolument de nature opératoire et applicative dans le secteur de la communication dominé par les entreprises, les institutions et les organisations. Ses origines disciplinaires sont nées de la rencontre de l’informatique, des sciences de l’information, du design d’interface et, depuis les années 80, du marketing.

L’architecte de l’information

L’architecte de l’information, s’il ne peut prétendre maîtriser l’étendue de ces domaines et compétences en constante évolution, est, tel un maître d’œuvre, le seul à pouvoir développer une vision globale des structures et des espaces informationnels à construire. Par conséquent, il lui appartient de faire dialoguer et coopérer des équipes aux expertises et aux cultures diverses par une gestion dynamique des projets. Son objectif est, tout en tenant compte des objectifs généraux d’un organisme, commercial ou non, de permettre à tout individu d’accéder et plus encore de vivre harmonieusement dans ces nouveaux « habitats numériques » qui doivent lui être à la fois agréables, utiles et utilisables.

ÉTYMOLOGIE

Le terme « architecte » est issu du latin architectus, lui-même emprunté au grec arkhitektôn. C’est un mot composé de arkhein, qui a pris d’abord le sens de « prendre l’initiative » puis celui de « commander », pour lequel l’idée de « chef » dérive de celle d’« ancien », et de tektôn, « charpentier, constructeur de bateau ». Tektôn a un correspondant sanskrit, tákṣan de même sens. Tous deux partagent une racine indo-européenne commune, tek-, teks, signifiant « travailler avec la hache, construire une charpente ». D’abord « constructeur » et « maître maçon », l’architecte devient un spécialiste, un professionnel (XVII^e s.) et même un artiste, capable de de concevoir un édifice, d’en tracer le plan et d’en diriger l’exécution (XIX^e s.). A noter que, dès le XVI^e s., le terme est fortement valorisé, avec des expressions métaphoriques renvoyant à Dieu, le « grand architecte », « l’architecte du monde ».

Le terme « architecture » a suivi la même évolution, de la technique à l’art. Par métonymie, l’architecture peut être un édifice. Par métaphore, le mot désigne le principe d’organisation, la structure d’un ensemble complexe (XVI^e s.), ce qui convient bien aux espaces numériques contemporains.

LIENS

Termes corrélés Liens

Approche orientée usager ; Design ; Structure du document

BIBLIOGRAPHIE

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