Cadre

De lexSIC
Révision datée du 5 mai 2022 à 09:06 par Pascal Duplessis (discussion | contributions)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Liste des termes

E (Élicitation, Embargo...)

L (Ligne éditoriale, Like...)

P (Packaging, Page...)

R (Raccord, Résumé...)

S (Scénario, Scoop...)

T (Tabloïd, Trace...)

V (Veille, Voix off...)

. n.m.

. Angl. Frame

. Cult. médiatique, documentaire

. Domaines : Typographie, Bande dessinée, Photographie, Cinéma


Définition

D'une manière générale, le cadre est l'objet qui entoure et contient matériellement une image (tableau, film, photographie, affiche, dessin...). Il est aussi ce qui délimite un espace à l'intérieur duquel se présentent un contenu ou une scène désigné.es comme important.es pour le récepteur. Le cadre a ainsi une fonction à la fois signalétique et valorisante. Il permet également d'isoler, de distinguer un espace de lecture, au sens large, des autres.

Typographie

Le cadre est composé d'un ensemble de filets (traits) qui entourent un texte ou une illustration. Il entre dans la composition d'une page et permet de fragmenter et de structurer l'espace de lecture, tout en valorisant un contenu.

Bande dessinée

Dans la bande dessinée, le cadre est constitué des filets entourant la vignette, laquelle est l'unité de base de la séquence narrative. Il peut arriver que la vignette se passe de cadre comme limite nette avec celle qui la précède ou la suive. Selon Thierry Groensteen, le cadre des bandes dessinées intègre six fonctions.

  • Une fonction de clôture : le cadre ferme la vignette et lui confère une forme particulière ;
  • Une fonction séparatrice : analogue aux signes de ponctuation dans la langue, le cadre découpe les unités pertinentes - les vignettes - à l'intérieur du continuum narratif ;
  • Une fonction rythmique : le rythme du récit, comme celui de la lecture, est imposé par la succession des cadres qui agissent à l'échelle de chaque planche, comme une pulsation de base ;
  • Une fonction structurante : le cadre, de par sa forme, reproduit le format de la planche, et celui de la page, de manière homologique et ce, pour des raisons pratiques de gain de place, mais également culturelles (peinture, photographie). L'espace enfermé par le cadre est ainsi structuré culturellement. Il contient un centre qui détermine la composition de l'image (centré, décentré...). Par contre, il est toujours orienté, suivant en cela le sens de lecture propre à la culture dans laquelle il se déploie.
  • Une fonction expressive : le cadre de la vignette peut connoter le contenu représenté. Ou bien parce que le format du cadre s'écarte de la norme pour prendre une forme qui renvoie au sens contenu dans la vignette, ou bien parce que le filet composant le cadre change d'aspect (épaisseur, linéarité, couleur, tracé...) qui indique une modification dans l'énonciation, comme, par exemple, un flash-back.
  • Une fonction lecturale : le cadre désigne ce à quoi il faut attacher de l'importance. Il est toujours l'indice de quelque chose à lire. Ainsi, toute portion d'image isolée par un cadre accède au statut d'énoncé à part entière. Le cadre est prescripteur de lecture et il organise le parcours de déchiffrement de la séquence narrative.

Les trois fonctions séparatrice, rythmique et lecturale sont spécifiques de la bande dessinée. Les trois autres sont des catégories générales de toute image.

Photographie

En photographie, le cadre peut également être considéré en tant que composition. Le champ est cet espace circonscrit par le cadre et qui organise les composants de l'image en fonction de ce qui est montré (ou caché) en vue de provoquer un effet chez le lecteur. Ces composants sont répartis dans l'espace délimité par le cadre, lui-même étant conditionné par un format donné. Ce sont les figures représentées et leur emplacement dans le champ (centré, décentré), les formes, les lumières et les ombres, les couleurs, les différents plans, la profondeur du champ, ainsi que la relation qu'entretiennent ces composants avec le hors champ.

Le cadre résulte toujours du choix du photographe qui prélève dans la réalité une portion d'espace qu'il inscrit dans un cadre. C'est un outil de sélection qui permet à son auteur de ne porter à la connaissance du lecteur que ce qu'il souhaite montrer. Ce faisant, il prive consciemment ou non le lecteur d'avoir accès au contexte de l'image et le laisse en partie libre du sens à lui donner, à moins que ce découpage opéré de manière subjective ne l'oriente délibérément. Le cadre implique donc toujours la responsabilité d'un auteur.

Cinéma

En cinéma, le cadre est également tracé par la fenêtre d'un appareil et fait l'objet d'un choix assumé. Les mêmes composants du champ photographique se retrouvent (échelle des plans, profondeur de champ, relation au hors champ, formes, etc.). A cela s'ajoutent de possibles mouvements et déplacements de figures (personnages, objets, lumière), ainsi que leurs éventuelles entrées et sorties.

Il faut ajouter que lorsque le plan est fixe, le cadre et le champ correspondent. Mais si la caméra bouge, le champ est alors plus large que le cadre car le mouvement de caméra dévoile progressivement des éléments qui étaient hors-cadre. Si, en photographie, l'image réalisée peut donner l'illusion que l'on a accès à la réalité puisque le cliché est unique, pris dans un instant donné et fixe, en cinéma par contre, la tension entre le champ délimité par le cadre et le hors champ est à son comble. En effet, la succession attendue des plans, la mobilité envisageable de la caméra et le déplacement consécutif du cadre, l'entrée ou la sortie possible de personnages, ajouté à l'apport informationnel du son diégétique, rendent la présence du hors champ souvent prégnante. La compréhension de ce qui se passe dans le cadre est alors fortement tributaire du contexte construit par le hors champ.

Au cinéma, le cadre est l'affaire du cadreur, terme préféré à l'anglicisme cameraman.

Étymologie

Terme emprunté à l'italien quadro "carré" issu du latin quadrus, de même sens, dérivé de quattuor "quatre". Il désigne, depuis le XVIes., la bordure, carrée à l'origine, d'un tableau, d'un miroir. Au sens figuré, l'idée de "délimitation" est retenue pour évoquer ce qui structure une pensée, une œuvre. Par métonymie, cadre a désigné le tableau lui-même, puis un registre où sont consignés les noms des officiers exerçant une fonction de commandement, d'encadrement. Par extension, cadre en est venu à désigner une personne ayant une fonction de direction ou une qualification professionnelle élevée. Le terme connaît de nombreuses acceptions dans des domaines variés, tels que l'architecture, la construction, la menuiserie, l'apiculture, le management, le cyclisme, etc.

L'emploi du verbal transitif cadrer au sens de "placer en ajustant" (1890), puis de "délimiter, définir" (1914), est plutôt réservé à la photographie et au cinéma.


Liens

Termes corrélés

Cadrage ; Champ ; Composition ; Encadré ; Filet ; Hors-champ ; Planche ; Vignette.


Bibliographie

  • E-CLASSROOM. Cadre et cadrage. E-classroom, 28/12/2016.
  • FOUCHÉ Pascal, PÉCHOIN Daniel, SCHUWER Philippe (dir.). s.v. " Cadre ". Le livre : dictionnaire terminologique des métiers du livre. Cercle de la librairie, 2016
  • GROENSTEEN Thierry. Système de la bande dessinée. PUF, 1999.
  • HÉRION Jean-Claude. Comprendre la notion de cadre en photographie. ZG studio; 12/09/2017.
  • JUHEL Françoise (dir.). Dictionnaire de l'image. Vuibert, 2006.
  • REY Alain (dir.). s.v. « Cadre ». Dictionnaire historique de la langue française. Dictionnaires Le Robert, 1995.
  • VALET Yannick. La grammaire du cinéma. De l'écriture au montage : la technique du langage filmé. Armand Colin, 2016.