Différences entre versions de « Autoritativité »

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Autre conséquence, le phénomène d’autoritativité rend plus évident que jamais la responsabilité des intermédiaires de la publication. Alexandre Serres (2004) évoque à ce propos la crise de la fonction de médiation au sujet du « retournement de la validation de l’information ». Auparavant, celle-ci se faisait en amont de la chaîne documentaire, avec le concours des éditeurs·trices, des libraires, des documentalistes et, au niveau des établissements scolaires, des professeur·es documentalistes. Aujourd’hui, la validation est reportée en aval, sur le récepteur ou la réceptrice, en l’occurrence l’élève, qui est peu préparé·e à traiter cette offre continue de données non filtrées. L’encyclopédie Wikipédia, libre de droits et construite collectivement, illustre parfaitement l’impact de l’autoritativité sur les pratiques documentaires. Fondée sur des valeurs alternatives aux lois du marché, elle pose néanmoins la question de la validation de ses contenus, celle-ci se faisant a posteriori par la communauté des contributeurs, et s’appuyant sur la force du nombre de ses contributions (Caraco, 2004) ainsi que sur les règles relatives à la citation des sources (Sahut, 2016).
 
Autre conséquence, le phénomène d’autoritativité rend plus évident que jamais la responsabilité des intermédiaires de la publication. Alexandre Serres (2004) évoque à ce propos la crise de la fonction de médiation au sujet du « retournement de la validation de l’information ». Auparavant, celle-ci se faisait en amont de la chaîne documentaire, avec le concours des éditeurs·trices, des libraires, des documentalistes et, au niveau des établissements scolaires, des professeur·es documentalistes. Aujourd’hui, la validation est reportée en aval, sur le récepteur ou la réceptrice, en l’occurrence l’élève, qui est peu préparé·e à traiter cette offre continue de données non filtrées. L’encyclopédie Wikipédia, libre de droits et construite collectivement, illustre parfaitement l’impact de l’autoritativité sur les pratiques documentaires. Fondée sur des valeurs alternatives aux lois du marché, elle pose néanmoins la question de la validation de ses contenus, celle-ci se faisant a posteriori par la communauté des contributeurs, et s’appuyant sur la force du nombre de ses contributions (Caraco, 2004) ainsi que sur les règles relatives à la citation des sources (Sahut, 2016).
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[[Auteur·e]] ; Validation des sources ; Autorité ; Notoriété ; Caution scientifique ; Responsabilité éditoriale.
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[[Auteur·e]] ; [[Validation des sources]] ; [[Autorité]] ; [[Notoriété]] ; [[Caution scientifique]] ; [[Responsabilité éditoriale]].
 
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Version actuelle datée du 5 mai 2022 à 08:11

Liste des termes

E (Élicitation, Embargo...)

L (Ligne éditoriale, Like...)

P (Packaging, Page...)

R (Raccord, Résumé...)

S (Scénario, Scoop...)

T (Tabloïd, Trace...)

V (Veille, Voix off...)

. n.f.

. Angl. authoritativeness

. Cult. documentaire

N.B. : Ce texte, co-écrit avec Ivana Ballarini, avait été initialement publié dans le Dictionnaire des concepts info-documentaires sur le site de SavoirsCDI en 2006.


Définition

L’autoritativité est le fait d’accéder, par soi-même, au statut d’auteur·e par le biais de l’auto-publication. Evelyne Broudoux (2003) la définit comme « une attitude consistant à produire et à rendre public des textes, à s’auto-éditer ou à publier sur le web, sans passer par l’assentiment d’institutions de référence référées à l’ordre imprimé ».

A la différence des archives ouvertes (open sources), dédiées aux travaux scientifiques, qui offrent aux chercheur·es des publications hors les circuits de l’édition classique mais tout en se soumettant aux règles usuelles d’écriture et de légitimation, l’autoritativité propose une alternative à ce qui est dénoncé comme un autoritarisme des médias conventionnels. La totale subjectivité de l’individu « scripteur » y est assumée.

L’autoritativité peut être saisie comme une conséquence de la rupture traditionnelle de la chaîne éditoriale, laquelle, en assurant une fonction de filtres autoritaires contribue à l’élaboration de la condition d’auteur·e. Cependant, cette pratique d’écriture sur Internet (pages personnelles, blogs, etc.) ne saurait être réduite à un phénomène issu de la « révolution numérique » puisqu’elle prolonge en quelques sortes des pratiques antérieures, telle que l’édition à compte d’auteur·e.

Didactique

L’autoritativité, en questionnant la légitimité de la « fabrique de l’auteur·e », permet de construire le concept d’auteur·e sous l’angle de la validation des sources, et à partir des concepts spécifiques d’autorité, de notoriété, de caution scientifique et de responsabilité de la publication.

Si une personne peut s’auto-proclamer auteur·e pour peu qu’elle s’audo-édite sur une page web, la notion classique d’auteur·e ne se trouve-t-elle pas alors déplacée vers celle d’ « auteur·e légitimé·e par une institution », fut-elle éditoriale, communautaire ou scientifique ?

Du point de vue de la nécessaire validation des contenus par contre, il semble que le crédit ne puisse être apporté que par la communauté des expert·es du domaine considéré. C’est rappeler combien le statut d’auteur·e réclame pour l’un·e l’autorité de l’autre - du moins au moment de la prise en compte et de la sélection de la connaissance informée.

Autre conséquence, le phénomène d’autoritativité rend plus évident que jamais la responsabilité des intermédiaires de la publication. Alexandre Serres (2004) évoque à ce propos la crise de la fonction de médiation au sujet du « retournement de la validation de l’information ». Auparavant, celle-ci se faisait en amont de la chaîne documentaire, avec le concours des éditeurs·trices, des libraires, des documentalistes et, au niveau des établissements scolaires, des professeur·es documentalistes. Aujourd’hui, la validation est reportée en aval, sur le récepteur ou la réceptrice, en l’occurrence l’élève, qui est peu préparé·e à traiter cette offre continue de données non filtrées. L’encyclopédie Wikipédia, libre de droits et construite collectivement, illustre parfaitement l’impact de l’autoritativité sur les pratiques documentaires. Fondée sur des valeurs alternatives aux lois du marché, elle pose néanmoins la question de la validation de ses contenus, celle-ci se faisant a posteriori par la communauté des contributeurs, et s’appuyant sur la force du nombre de ses contributions (Caraco, 2004) ainsi que sur les règles relatives à la citation des sources (Sahut, 2016).


Liens

Termes corrélés

Auteur·e ; Validation des sources ; Autorité ; Notoriété ; Caution scientifique ; Responsabilité éditoriale.


Bibliographie

BROUDOUX Evelyne. « Autoritativité, support informatique, mémoire ». Communication, Journées « hypertextes, mémoire, fiction » Montréal, novembre 2003. ArchiveSIC, 2003.

CARACO Alain. « Wikipédia : Une encyclopédie libre, gratuite et écrite coopérativement ». BBF, t. 49, n°6, 2004. p. 80-85.

SAHUT Gilles. " L'autorité importée dans Wikipédia : la question de la qualité des sources citées ". Quaderni, Éditions de la Maison des Sciences de l'Homme, 2016.

SERRES Alexandre. « Recherche d’information sur Internet : où en sommes-nous, où allons-nous ? ». ArchiveSIC, 2004.